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Objectif Mag

Cette pièce, écrite, mise en scène et jouée par Jacques Mougenot, qui n'en est pas à son coup d'essai, est à ne rater sous aucun prétexte. Cet auteur dramatique, romancier, comédien et metteur en scène, avait déjà frappé un grand coup avec sa pièce sobrement intitulée " Corot ", qui avait fait salle comble entre 1996 et 1998, en France et à l'étranger.

La dernière de cette seconde prolongation de l'Affaire Dussaert aura lieu le 29 avril prochain au Petit théâtre Hébertot. Qui se souvient de Philippe Dussaert, peintre, initiateur du mouvement vacuiste, rapidement tombé dans l'oubli après son décès en 1989 ? Personne ou presque. Pourtant, il eut son heure de gloire que conte Jacques Mougenot avec malice, ironie, cocasserie, intelligence, humour et beaucoup de talent. Bref, c'est là du théâtre comme l'on en voit hélas trop rarement. Il est difficile d'en dire plus sans déflorer le sujet, risquer de mettre à mal le ressort de la pièce et donc de nuire à la fois aux effets du comédien et au plaisir du spectateur.

Disons simplement que Jacques Mougenot s'interroge, et nous interroge, sur le sens de l'art contemporain avec une fine intelligence, sans tout détruire (il y a tout de même quelques grands artistes contemporains), mais sans esquiver les questions délicates, y compris celles du snobisme et de " l'escroquerie postmoderniste à la pensée " pour reprendre l'expression du Canard Enchaîné. Spectacle pour intellectuels, pensez-vous ? Pas du tout ! Le spectateur rit d'un bout à l'autre de cette soirée drôle, instructive et burlesque. L'Affaire Dussaert vaut vraiment la peine d'un voyage éclair à Paris. Au moins comblerez-vous, comme moi, une fameuse lacune dans votre culture.

Gérard de Wallens
ObjectifMag.be, avril 2007