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Le Cas Martin Piche

Face à la Scène (facealascene.fr)

UNE PIÈCE SUBTILE, FINE ET INTELLIGENTE

De prime abord le thème du patient qui voir son psy n’est pas spécialement nouveau au théâtre, de nombreuses pièces ayant déjà traité du sujet. Mais Martin Piche (interprété par Jacques MOUGENOT lui-même) souffre d’un mal original : l’ennui chronique. Tout l’ennuie : de ses loisirs à son travail, de la lecture de livres au cinéma, tout vous dis-le, tout le temps, même sa propre femme ! C’est donc peu convaincu et acculé par la pression de sa dite épouse qu’il se rend en consultation chez un psychiatre interprété par Hervé DEVOLDER, curieux de comprendre ce cas inhabituel. De ce postulat de départ sur l’ennui profond MOUGENOT a écrit une pièce originale, fine et teintée d’absurdité à la fois où on se s’ennuie pas une seconde. Un comble !

Car la confrontation de ces deux protagonistes que tout oppose entraîne une joute verbale exquise et des dialogues à la fois riches, plein de second degré et d’une drôlerie sans nom ! Le pitch de la pièce résume parfaitement mon analyse : « les situations comiques s’enchaîneront, passant de l’insolite au burlesque, du touchant au cruel, de l’absurde à l’inquiétant » (à ce titre le passage où Martin Piche évoque son travail est une petite perle). Mais de l’absurde finement écrit, bien ciselé et d’une grande subtilité ! Ici le rire intervient au regard d’une situation, d’une réponse, d’un simple geste aussi. L’humour y est accessible, fait réfléchir mais pour autant n’est pas élitiste. Si vous aimez les jeux de mots vous serez servi aussi ! Je tire mon chapeau à MOUGENOT pour sa performance scénaristique.

UNE PÉPITE THÉÂTRALE

Question performance je salue également celle d’acteur de DEVOLDER, que j’ai trouvé particulièrement bon, juste et investi dans son interprétation. De son côté MOUGENOT propose un jeu plus détaché et désinvolte mais qui finalement colle parfaitement au personnage de Piche. Les deux comparses évoluent dans un décor sobre mais réussi, au gré d’une mise en scène efficace et rythmée qui se prête parfaitement aux élucubrations de notre anti-héro, une mise en scène signée DEVOLDER lui-même. Tout est réuni pour nous faire passer un excellent début de soirée et nous divertir pendant 1h15. Et c’est avec la sensation de faim d’un boulimique pas rassasié que l’on assiste au final plein de rebondissements de cette pépite théâtrale qu’on aurait voulu voir continuer encore un peu. Et je vous assure que ce n’est pas par politesse que le public a applaudi, longuement, notre remarquable duo.

 

Le Cas Martin Piche

Théâtre du Fangourin,  à Petite-Ile, LA REUNION.

La Tribune des Tréteaux était là.

Le Cas Martin Piche / Aigle noir Productions

Un problème pénible est parfois source d’une immense joie. Aphorisme, nous objectera-t-on à coup sûr. Que non. Enigme jubilatoire ou plaisir de l’arnaque dont on est l’involontaire cible, voilà ce qui peut, approximativement, car les mots sont de grands menteurs, de façon tâtonnante, insuffisante, sûrement, voilà ce qui permettrait d’approcher la forme de théâtre que mitonne, concocte, en savant concepteur de l’apparence et des jeux de faux-semblants, le comédien-écrivain-metteur en scène Jacques MOUGENOT.

Qu’il fut agréable de nous plonger dans sa conférence sur le « vacuisme » lorsqu’il aborda la mystérieuse et iconoclaste Affaire Dussaert ! Le souvenir demeure : il est de ces spectacles qui restent inoubliables.

En pénétrant dans la salle, nous sommes amenés à découvrir le décor dans lequel évoluera un certain Martin Piche, dont le titre nous affirme sans détour qu’il est un « cas ». Tout semble parfaitement structuré, ordonné : face à nous, des bibliothèques à rangements aléatoires de livres. Parfaite symétrie : classicisme rassurant du cadre. Seule la statue, éclairée par une légère douche de lumière, donne à voir un corps en position acrobatique, contorsion qui fait qu’on se renverse une fois en équilibre sur les coudes et que les pieds viennent se poser sur la tête redressée : exercice de cirque, asana ? Nous pressentons que les choses s’inverseront, se renverseront, mais quoi et avec qui ?

Un large bureau avec un fauteuil confortable, deux chaises de l’autre côté pour recevoir ; puis un angle plus intime, deux fauteuils orange qui invitent à la discussion. Une patère pour accrocher son manteau. Tout semble finalement tellement normal qu’on tente déjà de décrypter les objets, déductions d’apprentis-sorciers, forcément, nous serons bernés. Certes. Mais comment ?

Hervé DEVOLDER, qui est aussi le metteur en scène de la pièce, vient s’installer à ce bureau. Et puis, allant écarter légèrement le rideau noir de la coulisse, il appelle, rappelle, et finit par amener à lui le fameux Martin Piche. Jacques MOUGENOT fait son entrée. Et voici que le « cas » va se définir, se dévoiler, se distiller devant nous.

En apparence, Martin Piche est un « ennuyé ennuyeux » constant, un pro de l’inattention, du décrochage de la pensée hors d’un réel flottant qui l’indiffère, pour l’emmener vers une vacuité intérieure qui est, dit-il et le montre-t-il, son état constant. Il offre au questionnement du psychiatre qui lui fait face, une apathie totale, une sorte d’inertie de l’être, un état qu’il affirme l’entraver depuis trois longues années qu’il a traversées, dans cette forme de « bore-out » comme on dit maintenant, pour parler chic et savant.

Le psy qui lui fait face est, lui, doté de l’inverse, une indéfectible curiosité, un besoin d’exégèse du comportement, un torturé du diagnostic, et tout de suite, il minimise, il a trouvé : neurasthénie. Dont acte : prescription immédiate pour maintenir un fil rouge de la concentration.

Mais le cas est plus complexe : « Je ne sais pas à quoi je pense ». Défile alors la nomenclature des fonctionnements psychiques : aboulie, forme schizoïde névrotique.

Mais Martin Piche s’ennuie à l’idée quasi obsessionnelle d’inspirer de l’ennui. C’est un homme qui souffre et qui se met à pleurer. Le « gentil et attentif médecin » comprend qu’il a affaire à un patient qui dépasse sa compétence, de l’inédit, un cas d’école que même les Américains, n’ont pas su nommer, c’est dire !

Nous allons tenter de ne pas trop dévoiler les subtilités de cette pièce drôlissime et d’une intelligence à décontenancer. Nous nous arrêterons au fait que Martin Piche est scénariste de soap-operas pour la télévision ; après bien des tergiversations, il parvient à nous faire comprendre le pitch de la série  Je ne me souviens plus très bien  : c’est l’histoire d’un réfugié politique islandais homosexuel atteint de la maladie d’Alzheimer.

C’est tout simple : on est propulsé dans l’Absurde, nous dira-t-on. Eh bien, non. Car Martin Piche est un as de la transposition et ce que l’on vient d’énoncer devient aussitôt caduc, par accumulation de détails supplémentaires et ce n’est plus un fil rouge, c’est un écheveau de mots emmêlés avec un désordre rigoureux ou selon une maîtrise consommée de l’art de nous embarquer et de nous mener en bateau.

Le psychiatre tente toujours de cerner ce « cas », avec sa logique purement médicale, c’est-à-dire, en s’appuyant sur des théories, des recherches ; il est le vecteur de la science la plus fuyante qui soit : il recommande de retrouver le cri primal, de tourner en rond dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Et Martin Piche montre une bonne volonté indifférente, comme l’âne de Buridan : pourquoi ceci plutôt que cela ? Et pourquoi pas ? Cela devient tout de suite un symptôme des pathologies maniaco-dépressives, ce fameux état « borderline » dont nous serions finalement tous plus ou moins atteints. Martin Piche ne peut pourtant pas être bipolaire : n’aurait-il pas des tendances autistiques ? Et de tenter un test de concentration tirée du mesmérisme.

Et ainsi se succèdent des rebondissements d’ordre psychique (et non psychologique). Et Jacques MOUGENOT de refonder, avec un art à nous faire douter de nous-mêmes, les ressorts conventionnels de la comédie et du théâtre en général. L’action est dans la constance d’un état proche de la prostration qui met à mal la patience du médecin, et même sa spécialité. Tout s’enchaîne à un rythme rapide mais dosé, maîtrisé ; chaque élément apporté en son temps, au juste temps, comme une épice ajoutée.

Même le dénouement se décompose en péripéties, avant de se clore sur une petite arnaque supplémentaire. Chaque détail, chaque mot, chaque allitération, tout est orchestré avec une infinie finesse.

Que dire de plus ? Qu’une standing ovation a salué cette performance de l’écriture, du jeu complice, et de l’originalité spectaculaire ! On part de presque rien : un homme s’ennuie et consulte un psychiatre sur les conseils de son médecin traitant. Mais cette simple « idée de base » se met en place et dévale une pente psychologique étonnante. On pense aux dérapages enchaînés qui aboutissent à des cataclysmes chez Buster Keaton.

La réputation de Jacques MOUGENOT n’est plus à établir. Paris l’accueille et les salles se remplissent. Dans notre île aussi, il est reconnu et, surtout, attendu. Car nous savons à quel point sa connaissance du théâtre et son regard sur l’humain sont aigus. Et nous aimons à être ainsi associés à une duplicité magistrale dont nous devenons les observateurs sidérés et bernés, mais aussi les complices émerveillés devant une prouesse à laisser pantois.

Un immense merci à vous deux, à ce duo parfait qui donne ses lettres de noblesse à la comédie. Nous sommes absolument acquis à votre exigence du texte, du fond comme de la forme.

Surtout, revenez. Vous êtes déjà attendus ! Et qu’est-ce que dix mille kilomètres quand il s’agit de partager autant de connivence autour de vos spectacles ?

Halima Grimal

Le Cas Martin Piche

Zoom sur « Le cas Martin Piche » par Caroline Fabre

L’Être et le Néant au cœur de la comédie.

Face à face hilarant entre deux contraires, réflexion tous azimuts et revirement surprise pour une comédie irrésistible.

Drôle de « cas » en effet ce Martin Piche. indécis à un point que l'on peine à imaginer, (deux chaises pour s'asseoir, quel dilemme 1), prenant les mots au pied de la lettre (pour lui, prendre la porte pourrait signifier la dégonder), il souffre aussi d'une distraction sans pareille, d'un ennui absolu et d'un manque de curiosité total. Pas étonnant qu'il soit venu consulter un psy... lequel, curieux de tout et de tous, piaffe d'excitation devant un tel patient 

Cette opposition entre le quasi apathique Piche (dans la peau duquel l'auteur, Jacques Mougneot, bien présent, fait un sans faute) et le psy bouillonnant (l'impeccable Hervé Devolder, qui signe aussi une mise en scène sobre et enlevée) est un des atouts principaux de ce spectacle. L’autre vient de l'agencement des mots et des maux. Car cette joute verbale totalement atypique ennuie le premier comme elle passionne le second, enthousiasmant le public qui ne sait où donner de la tête, entre rire et drame, compassion et cruauté, subtilité et légèreté.

Et, coup de grâce, une fois tous les tenants et les aboutissants déroulés, passées les cinq minutes où on a l'impression que le texte tourne en rond, l'auteur nous assène un coup de théâtre aussi magique que magistral, nous entraînant ainsi sur d'autres pistes de réflexion... et de rires.

Une pépite à ne pas laisser filer.

Le Cas Martin Piche

Le cas Martin Piche a obtenu "Le Triomphe Au Balcon" pour le meilleur dénouement.

La critique de la rédaction : 7.5/10.

Nous n’aurions jamais imaginé qu’il soit possible d’écrire une pièce entière sur l’ennui !

Monsieur Piche n’est pas dépressif mais il n’a aucun centre d’intérêt, il passe donc ses journées à s’embêter. Son seul moment de répit est lorsqu’il dort.

Interloqués, nous assistons à la première consultation de cet homme chez le psy. Le spécialiste, curieux de tout, semble très enthousiaste d’avoir dans son cabinet un patient atteint d’un syndrome rare. Avant de prescrire un traitement ou de donner des conseils, ce dernier prend bien soin de peaufiner son diagnostic…

L’opposition des personnalités des deux personnages fait naitre des dialogues aussi drôles qu’intéressants. Nous nous prenons de sympathie pour eux car c’est bien joué, joliment écrit, amusant.

Le propos est parfois assez déroutant, donne matière à réflexion sur notre rapport à l’ennui et la façon de lutter contre celui-ci.

Même si nous ressentons une baisse de l’intensité lors du dernier quart d’heure, la fin surprenante nous fait sortir du théâtre avec un grand sourire satisfait.

Le Cas Martin Piche

Martin Piche (Jacques Mougenot) souffre d’un mal original : il s’ennuie. Profondément, tout le temps. Il va consulter un psy (Hervé Devolder).

S’engage alors un dialogue irracontable, complètement surréaliste, entre un Martin Piche qui ne peut se concentrer sur des phrases dès qu’elles dépassent trois mots, qui prend tout au pied de la lettre, qui s’effondre en pleurs dès qu’on le bouscule un peu et un psy curieux, fortement intéressé par ce cas original et qui va essayer différentes thérapies.

C’est drôle et parfois féroce, car l’auteur outre la situation originale décoche quelques flèches empoisonnées, égratignant au passage le petit monde des scénaristes, de la télé, du théâtre et autres médias.

Le public ravi ne cesse de s’esclaffer, voilà un spectacle sur l’ennui où on ne s’ennuie pas une seule seconde !

À découvrir au plus vite au Petit Montparnasse qui propose également en alternance à 19h00 l’Affaire Dussaert et ensuite à 21h00 dans un tout autre genre le superbe Les Chatouilles, gros coup de cœur d’Avignon cet été.

Nicole Bourbon

Le Cas Martin Piche

Pas plus loin qu'hier, dans ma chronique sur "Do Re Mi Fashion", je disais regretter de n'avoir encore jamais eu la chance de croiser Hervé DEVOLDER, dont je dis régulièrement tant de bien.

Un homme aux talents multiples. Ce soir, il était Metteur en Scène et Comédien, et il partage la scène avec l'auteur Jacques MOUGENOT, dont j'ai dû voir "L'Affaire Dussaert", au minimum trois fois. Spectacle qui se joue en alternance, avec l'affiche de ce soir.

"LE CAS MARTIN PICHE", a le même ressort de mystification que "L'AFFAIRE DUSSAERT". Un homme se présente chez un psy, car il s'ennuie de tout, rien ne l'intéresse, ce qui va passionner le Spécialiste. Ils s'amusent, et nous font passer un agréable moment. La salle rit de bon coeur. C'est drôle, émouvant, et bien joué avec un dénouement étonnant, comme dans l'autre pièce à l'affiche.

Pauline MARBOT, a assisté Hervé Devolder, dans la mise en scène.

Les Lumières sont de Denis KORANSKY.

Si vous ne connaissez pas la première pièce, prenez date pour les deux, je vous promets de belles soirées, et comme les deux spectacles sont à 19H00, vous aurez le plaisir de découvrir les tables de la rue de la Gaîté, si pittoresque et vivante.

Le Cas Martin Piche

Le psy (Hervé Devolder) attend pour la première fois, un certain Martin Piche (Jacques Mougenot). Il va aller de surprise en surprise avec ce patient peu ordinaire.

En effet, après bien des hésitations, Martin Piche se résout à consulter, poussé quand même par son épouse. Il a une singulière pathologie : il s’ennuie et n’a aucunement l’intention de se divertir, il n’a intérêt à rien du tout et pourtant !

C’est un homme un peu « nounours », il ne fera rien de son plein gré, s’asseoir, ôter son imper, le poser, enfin bref le psy est un peu désarçonné. Puis la consultation commence, là aussi c’est une véritable guerre des nerfs, Piche se fiche de tout, mais avec politesse et courtoisie... il prend des attitudes pour tromper l’ennemi ! Il est ennuyé d’ennuyer son monde...

Peu à peu ils entament un dialogue, jeux de mots, jeux de maux, tout y passe. Piche ne comprend pas ou prend au premier degré les questions posées.

Quand il « avoue » sa profession au psy, celui-ci reste bouche bée !

Vous pouvez sans crainte aller consulter au Petit Montparnasse, vous ne risquez pas de vous ennuyez et rire de bon cœur, la fin de la comédie est inattendue et très drôle.

Anne Delaleu

Le Cas Martin Piche

Note de la rédaction : ★★★★/5

Martin Piche est atteint d’un mal étrange : il s’ennuie. De façon radicale il s’ennuie de tout. Il est étrange, Monsieur Piche. Il ne saisit aucune métaphore, n’a aucun sens de l’humour, n’a aucune psychologie dans ses relations aux autres. Martin Piche n’est pourtant pas autiste. Monsieur Piche est un con.

- Vous voyez, docteur, y’a guère que la nuit que je ne m’ennuie pas, puisque je dors. Mais enfin : je dors, donc j’en profite pas beaucoup non plus!

Nous restons intrigués tant son cas est radical.. Monsieur Piche est il vraiment un imbécile? Il ne va pas manquer d’exciter au plus haut point la curiosité et l’agacement de son psy. Notre curiosité aussi. Nous sommes ainsi conviés à une séance de psychothérapie, à la première séance, celle qu’on appelle préliminaire. Le psy, talentueux Hervé Devolder, découvre cet étrange Martin Piche avec nous. La sagacité du psy sera mise en défaut jusqu’au dénouement burlesque que des raisons évidentes de spoiler nous empêchent de révéler ici.

Nous pouvons toutefois rendre compte d’un fait avéré: cette séance préliminaire fera rire la salle de la première à la dernière minute, par un humour d’auto-dérision efficace. L’absurde des personnages est servi par un texte au style aiguisé et poétique. Les deux personnages sont une magnifique création. Jacques Mougenot est un authentique écrivain et un comédien épatant.

Le cas Martin Piche est une farce intelligente qu’on ne doit pas manquer, sans amant dans le placard, sans grivoiseries ou gauloiserie. Un moment d’esprit et de bonne humeur.

Le Cas Martin Piche

Jacques Mougenot aime interroger le sens en le confrontant précisément à ce qui semble, à première vue, n’en avoir aucun et il se livre avec un plaisir évident qu’il sait faire partager à son public à un exercice de virtuosité sur le langage qui est fort habile.

L’enjeu de son Monsieur Piche est certes moins profond que la remarquable affaire Dussaert qu’il rejoue en alternance au Petit Montparnasse, mais il y a peut-être des points communs entre ces deux pièces sur le regard qu’il porte sur un certain Art contemporain, en particulier ici à propos du théâtre quant au métier du comédien. Car il semble bien que le jeu qui se déploie sous nos yeux dans ce cabinet médical ne soit que la parodie d’une parodie. Voilà un homme qui dans sa vie professionnelle est scénariste pour la télévision, qui a donc l’habitude d’écrire des histoires, qu’il juge sans le moindre intérêt parce qu’elles ne sont que des divertissements stupides pour les autres (qui bien sûr les trouvent passionnantes !) et qui donc s’ennuie profondément de la nihilité qu’il entretient avec lui-même dans son activité créatrice. Quand on est comédien, on aime se mettre au service d’un texte, mais quand les textes ne sont plus au rendez-vous, à quoi peut-on servir ? Sans aucun doute à rien… Il reste une habile solution qui consiste à se faire soi-même l’histoire de son histoire, non plus d’incarner un personnage, mais de s’incarner soi-même en personnage. Et ainsi de créer ces fameux « one man show » qui sont la plus odieuse caricature du théâtre lui-même. Mais cela fait rire et tant que les rieurs seront au rendez-vous, l’ennui de Monsieur Piche persistera. Un spectacle plein d’humour, de finesse et de sens, où l’on n’a pas le temps de s’ennuyer.

Le Cas Martin Piche

Thème

Un psychiatre prépare son cabinet avant de faire rentrer Monsieur Piche, un patient qui attend, dans la salle d’attente... Il n’a d’ailleurs pas l’air d’entendre qu’on l’appelle; ou hésite-t-il à entrer ? En fait, l’hésitation l’habite et surtout, l’ennui. Mon Dieu, comme il s’ennuie! Rien, absolument rien ne l’intéresse et c’est pour cela qu’il vient voir le psy.

Points forts

  1. Jacques Mougenot et Hervé Devolder sont excellents chacun dans leur rôle. Le patient, qui a sûrement étudié les comportements psychotiques, est plus vrai que nature; et le psy, attentif, réactif et volontiers provocateur, est conforme à l’image que l’on s’en fait.

  2. Le texte de Jacques Mougenot est original, fin et documenté; jamais vulgaire. La drôlerie du propos fait de cette consultation un moment de théâtre comique et inattendu. Et lorsque la fin arrive…je n’en dis pas plus !

  3. Très bonne mise en scène d’Hervé Devolder: tonique, claire, joyeuse. Tout cela dans un décor fonctionnel et réussi.

Points faibles

Je n’en vois pas...

En deux mots ...

Une suggestion: allez voir "Le cas Martin Piche", puis "L’Affaire Dussaert", également de Jacques Mougenot. Les deux pièces se jouent en alternance. Elles ont la même griffe et la même âme. Vous ne perdrez pas votre temps...

Recommandation

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Le Cas Martin Piche

Le manque de manque…. Le diagnostic est posé, le psychiatre apaisé. Oui mais ? Face à l’insondable ennui de l’un se dresse l’inépuisable curiosité de l’autre. Inapte au choix le plus véniel, inattentif au déroulé élémentaire des mots, Martin Piche bégaie son ennui, s’excuse à l’envi de ses bévues, de sa présence, de son corps, de son existence même.

Le praticien, fasciné par ce cas hors norme, le traque, le harcèle dans les recoins d’une médiocrité revendiquée. Rien n’y fait, l’ennui est brandi comme bannière, comme réalité d’une vie invivable. Jusqu’à l’explosion de quelques émotions, larmes, sollicitude, inquiétude non feinte. Qui piège qui? Le duel prendra fin avec le recours au bon vieux deus ex machina, d’autant plus que les machines s’enrayent…
Car tout est théâtre ici, la scène, les acteurs, leur jeu, le clin d’œil de la mise en abîme chère aux dramaturges classiques. Hervé Devolder campe un thérapeute plein de fougue, de curiosité et d’exaspération, en contraste avec Jacques Mougenot, désopilant de maladresse, d’atermoiement, de vacuité bavarde, de résistance passive. On pourrait n’y voir qu’une facétie sur les quiproquos, l’ambiguïté des mots et de leur prononciation, la fatuité des psy, entre autres. Derrière le rire immédiat, se glisse aussi une dérision plus profonde et non moins réjouissante à l’encontre des courtoisies de façade ou de l’inanité des divertissements médiatiques.
Mais la légèreté est le maître mot de cet entrechat, où la complicité des compères est irrésistible d’humour et de vivacité sans temps mort. Ils sont décidément le remède à tout ennui ! A.D.

Le Cas Martin Piche

Nous assistons à la première consultation de cet homme chez le psy. Le spécialiste, curieux de tout, semble très enthousiaste d’avoir dans son cabinet un patient atteint d’un syndrome rare.

Avant de prescrire un traitement ou de donner des conseils, ce dernier prend bien soin de peaufiner son diagnostic…

Cette comédie réussit deux exploits : elle traite de l'ennui tout en captivant notre attention sans répit et par ailleurs, en nous faisant rire tout du long, elle aborde des thèmes sérieux comme le temps, le besoin d'agir et de se réaliser, la psychologie humaine, le tout avec une mécanique ingénieuse réservant bien des surprises.

Une pièce bien écrite bien jouée et  une chute incroyable  Martin PICHE  s' ennuie .mais pas le public  qui passe un agréable moment

Les comédiens sont bons, les blagues drôles et percutantes avec un ton incisif en assurant parfaitement leur rôle

Une bonne pièce à aller voir sans attendre.

François BERRY

Le Cas Martin Piche

Monsieur Martin Piche souffre d’un mal étrange, d’une inappétence pour tout, d’un manque absolu de curiosité : « Voyez-vous, Docteur, dit-il, il n’y a guère que la nuit que je ne

m’ennuie pas puisque je dors ». Symptômes qui suscitent l’inquiétude et l’intérêt de son psy qui voit dans son patient un sujet d’étude très intéressant. Selon lui, cette lassitude, cette perte d’intérêt révèle un « manque de manque », car l’ennui n’existe pas puisqu’il pousse à agir. Tout le monde s’ennuie plus ou moins, mais l’homme, éternel fugitif, fuit pour ne pas s’ennuyer. La passivité de Martin Piche désarçonne le psy qui finalement lui tend un piège. Dans un savant mélange d’humour et de suspens, la mise en scène d’Hervé Devolder plante le décor d’une farce burlesque dont s’emparent avec une énergie rieuse les deux comédiens. La chute des plus insolites attend le spectateur dont nous lui laissons la surprise.

 

Le Cas Martin Piche

«Impossible de s’ennuyer !» avec Jacques Mougenot et Hervé Devolder

L’expression « A mourir d’ennui» n’est pas de mise avec ces deux supers acteurs : Jacques Mougenot et Hervé Devolder…

Pour le pitch, Martin Piche souffre d’un manque de curiosité…ce qui va aiguiser la curiosité et les sens de son nouveau «psy». Un jeu de mots jubilatoires entre les 2 protagonistes va vous enchanter, vous enflammer et vous entrainer sur un chemin drôle et émouvant. Rien ne l’intéresse ! Naturellement, l’ennui s’oppose aux envies, au désir, une incapacité à quoi que ce soit qui ne dépend pas de nous !...

L’ennui, un sentiment que l’on redécouvre dans cette pièce unique...

Une pure réussite car on s’interroge sur cette émotion utile, cette panne de curiosité… Nos activités nous occupent et donnent un sens à notre existence quotidienne...A-t-on réellement le «temps» de s’ennuyer ???

Merci Martin Piche... Quel talent !

Le Cas Martin Piche

TELERAMA : T

Martin Piche s'ennuie. Partout. Tout le temps. S'il s'y est habitué, sa femme, elle, n'en peut plus et l'oblige à aller consulter. Voilà pourquoi il se retrouve contre son gré dans le cabinet de ce psy. S'ensuit un dialogue, parfois surréaliste, parfois touchant, entre le thérapeute passionné et son patient apathique. Comédie souvent drôle, Le Cas Martin Piche est aussi une intéressante réflexion sur l'ennui, à une époque où ce vocable semble être devenu un gros mot. Habilement construite – on ne vous révélera pas le coup de théâtre final – cette pièce nous aurait totalement enthousiasmé, si quelques longueurs ne donnaient une impression de répétition. Mais le propos reste original, et l'interprétation de Jacques Mougenot et Hervé Devolder tout à fait convaincante.

Michel Bourcet

Le Cas Martin Piche

Lundi 25/07/2016 LA PROVENCE

Le Cas Martin Piche est quasiment une comédie de la psychanalyse, du moins peut-on le penser... Un homme accablé par l'ennui permanent qui empoisonne sa vie, se rend à une consultation chez un neuropsychiatre. Va s'ensuivre une succession de moments parfois très absurdes, où l'ennui va être disséqué et devenir le sujet principal de l'action.

S'il est au cœur du sujet, l'ennui n'est pas de mise pendant la représentation du Cas Martin Piche. Les situations burlesques s'enchaînent dans un jeu que Pirandello lui-même ne renierait pas. Le spectateur se laisse emporter dans cette histoire où tout le monde triche, simule, s'amuse de l'autre, jusqu'au moment où on finit par ne plus savoir qui joue quoi. Sommes nous dans la réalité ou la fiction?

L'auteur et interprète Jacques Mougenot se livre à une écriture brillante, corsée de jeux de mots parfois proches de Raymond Devos. Le sujet est très original, et on rit beaucoup devant ces personnages qui s'empêtrent dans une histoire surréaliste et drôle. Jusqu'au coup de théâtre final... qu'on ne vous révélera pas.

Notre avis : on rit.

Jean-Noël Grando

Le Cas Martin Piche

Le Figaroscope. Du 17 au 23 février 2016

La critique de la rédaction

Par Jean-Luc Jeener (Le Figaroscope)

On connaît l’art de Jacques Mougenot par L’Affaire Dussaert, qu’il joue en alternance dans ce même Théâtre Montparnasse. Mais on découvrira une autre facette de son talent avec Le Cas Martin Piche. L’action se situe dans le cabinet d’un psy. Un nouveau patient, Martin Piche, entre et explique avec beaucoup de difficultés qu’il est atteint d’ennui aigu. S’ensuit un dialogue assez désopilant axé sur le comique de répétition et la dimension obsessionnelle de la maladie. Si on n’est pas sensible à ce type d’humour, il vaut mieux s’abstenir. Ce ne sont ni la psychologie des personnages, ni même l’histoire qui nous est racontée qui font le charme du spectacle. Dans le cas contraire, on sortira réjoui. D’autant que les deux comédiens, Jacques Mougenot lui-même et son metteur en scène, Hervé Devolder, sont très bien. Mougenot avec sa bonne tête d’homme qui ne fait de mal à personne est totalement crédible dans le rôle du patient. Enfin, une visite chez le psy qui rendra heureux !

L'Orient / Le Jour

Beyrouth/ Théâtre Monnot 29 octobre 2016

Sur les planches du Monnot*, Jacques Mougenot est atteint d'un mal curieux, il s'ennuie, ce qui intrigue au plus haut point et agace son psy. Une comédie comme une séance de psychothérapie, où le rire est l'antidote de la morosité et de l'ennui.

Pour son huitième spectacle, Persona Productions se tourne vers une comédie au thème étrange, l'ennui. S'ennuyer... concerne tout le monde et toutes les époques! Que l'on soit un artiste peintre, une comptable, un chevalier de la table ronde, Mme Bovary, une vache hollandaise, un soldat de la guerre de 14 ou un piano à queue, nous sommes tous confrontés à ce vilain parasite que constitue l'ennui.
Mais s'ennuyer peut être aussi un bonheur! Halte à l'activisme forcené, pitié pour les pauvres parents qui courent, leur progéniture sous le bras, de l'entraînement de foot au cours de danse. Assez de culture obligée et jamais digérée, vive les vacances désœuvrées! Sans expérience de l'ennui, pas d'individu sain. À force de l'éviter, contre vents et marées, sommes-nous condamnés à devenir des robots glissant de la frénésie à la dépression ? Sauf que s'ennuyer dans une vie monotone et grise, aujourd'hui, pousse à agir et à réagir. Ne pas laisser la vie se figer, voilà ce que Martin Piche décide un jour de faire, poussé par son épouse sur un divan lacanien.

Se coucher ou ne pas se coucher ?
Il y a quelques années, on ne consultait pas un psy, on allait « voir quelqu'un », et plutôt en rasant les murs. Les thérapies pour les non-initiés étaient réservées aux fous ou aux artistes en mal de vivre. Aujourd'hui, consulter un psy sans aucun a priori est devenu un geste anodin. Que ce soit pour surmonter un mal-être passager, un traumatisme, des sautes d'humeur, un deuil, ou par simple curiosité, ceux qui ont côtoyé le divan en ressortent apaisés. Sauf que tous ces symptômes sont étrangers à Martin Piche qui souffre simplement d'ennui. « Vous voyez, docteur, y a guère que la nuit que je ne m'ennuie pas, puisque je dors. Mais enfin je dors, donc je n'en profite pas beaucoup non plus. » Drôle de personnage que ce monsieur Piche, est-il désœuvré, dépressif ou simplement imbécile ?

Un mystère à élucider, pour 150 euros
La pièce s'ouvre sur un décor désespérément rouge. Le metteur en scène fait-il allusion au cabinet de Freud ? « Non, précise Hervé Devolder, mon intention était de mettre en scène un psychiatre hors du commun, aux méthodes loufoques et non conventionnelles. » Et d'ajouter : « D'ailleurs, le code vestimentaire ne répond même pas à celui d'un psy. » Il prépare donc son enregistreur, consulte son carnet de rendez-vous avant de faire entrer son patient. Celui-ci attend et n'a d'ailleurs pas l'air d'entendre qu'on l'appelle mais s'ennuie inlassablement et, surtout, hésite. Il hésitera face au siège sur lequel il devra s'asseoir, face au portemanteau pour suspendre son imper dont il a d'ailleurs du mal à se défaire. Rien, absolument rien ne l'intéresse et c'est pour cela qu'il vient consulter. Mais monsieur Piche manque d'humour, souffre d'un problème de communication, ne se préoccupe de rien ni de personne et son cas aiguise la curiosité de son psy et celle du spectateur.
Une séance préliminaire fera rire la salle de la première à la dernière minute, par un humour d'autodérision efficace. L'absurde des personnages est servi par un texte au style aiguisé, soutenu par un discours philosophique: «La peur de l'ennui est la peur de la mort», affirmait Freud. Les deux acteurs, Jacques Mougenot et Hervé Devolder, l'un, auteur de la pièce et comédien épatant, est plus vrai que nature dans son rôle de patient et l'autre, talentueux metteur en scène dans le rôle du psy, attentif et provocateur, va tenter de résoudre cette énigme. Ensemble ils entraîneront le spectateur dans une voltige spectaculaire où l'on passe de l'insolite au burlesque et du grave au comique. En passant par un ou deux instants d'ennui, sans doute voulus par les artistes, histoire de faire goûter aux spectateurs le thème principal de l'œuvre.

Danny Malat